Former n’est pas transmettre – Malaise dans la construction identitaire des psychologues, par Ludovic Gadeau à la JAP 2016

Former n’est pas transmettre

Malaise dans la construction identitaire des psychologues

Par Ludovic Gadeau

Evolution des logiques de fonctionnement à l’université et des incidences que cela a sur la formation des psychologues :

  • Depuis la loi Pécresse (Loi LRU de 2007), Le fonctionnement des universités a considérablement évolué :
    • Pour une meilleure lisibilité internationale, les établissements et les laboratoires doivent se regrouper en des ensembles de plus en plus gros. Ils sont mis en compétition pour obtenir des dotations de type Labex ou Idex qui assurent le fonctionnement des laboratoires. La principale source d’évaluation des laboratoires et des chercheurs, ce sont les publications.
    • Les enseignants-chercheurs sont évalués essentiellement à partir de leurs travaux de recherche et pas du tout à partir de leur investissement pédagogique. Et les travaux de recherches sont évalués à partir des revues dans lesquels ces travaux sont publiés. Il existe une liste référencée des revues dites à comité de lecture (il y en a 300 dont moins de 5% en langue française). Ces revues sont dans leur extrême majorité des revues anglo-saxonnes. Cela signifie que pour pouvoir publier dans ces revues, il faut accepter les standards de la recherche tels qu’ils sont prônés par ces revues. L’indice h (indice de Hirsch) est un calcul savant du nombre de citations et du nombre d’articles publiés. Plus l’indice est élevé et plus la valeur du chercheur est réputée grande. Mais cet indice ne dit pas si on est cité pour de bonnes ou de mauvaises raisons, ce qui le rend en partie absurde… Tout cela conduit à devoir développer des stratégies pour « exister » et se rendre « visible »….
  • Il n’existe aucun statut prévu pour les enseignants-chercheurs psychologues praticiens. Cela signifie que de nombreux enseignants en clinique n’ont aucune pratique ou alors ont cessé le contact avec le terrain (autrement que par la recherche) à leur entrée dans la fonction d’enseignant-chercheur.
  • Disparition progressive de la psychanalyse à l’université : aujourd’hui sur les 35 universités françaises, seulement 12 ont un laboratoire de recherche où la psychanalyse est la théorie de référence (Aix-Marseille, Lille 3, Lyon 2, Montpellier 3 Paris 5, 7, 8, 10 et 13), Rennes 2, Strasbourg, Toulouse 2).
  • En 2016-17 : délivrance au plan national de 4967 diplômes de psychologie dont 2366 en clinique (il y avait en 2000 1595 places de master 2 clinique). Au niveau local, en clinique : dépt 73 = 85 ; dépt 38 = 85 ; dépt 69 = 175+30 sans compter les masters recherche (en santé, intervention, etc = 110. Total en clinique sur la région = 400. Se pose la question de l’insertion professionnelle des étudiants en raison de la faible adéquation entre le nombre de diplômés et le nombre d’emplois existants. Il n’y a aucune instance nationale qui vienne réguler le nombre de diplômés au regard du marché de l’emploi.
  • Avec la réforme LMD, sans qu’on en parle beaucoup, la valeur symbolique de la formation des psychologues s’est artificiellement dégradée depuis la mise en place de l’harmonisation européenne des diplômes. Jusqu’en 2002, le diplôme de psychologue était de niveau 3ème cycle. Depuis, il est devenu un diplôme de 2ème cycle.
  • Il n’y a pas de définition nationale des compétences professionnelles attendues au niveau Licence, master, et doctorat. Chaque porteur de mention les définit lui-même. Cela produit non seulement une sorte d’hétérogénéité dans les formations. Cela peut conduire à une hyperspécialisation des parcours de formation et faire des psychologues spécialisés dans un domaine et partiellement ignorants des gestes professionnels de base. Il y a là le risque de rabattre la profession de psychologue du côté du psychotechnicien.

La vulnérabilité institutionnelle :

Ajouté à ce contexte général, je voudrais formuler quelques remarques qui de mon point de vue soulignent combien les psychologues sont en position de vulnérabilité institutionnelle.

Je suis frappé par le fait que, souvent, les psychologues doivent réexpliquer ce qu’est leur travail dans les institutions qui les emploient, comme si ça n’était pas compris et lorsque ça l’était (ou paraissait l’être) ça ne tenait pas dans le temps. Comme si au fond la nature du travail des cliniciens ne s’inscrivait nulle part dans l’institution.

Est-ce que cette non-inscription est inhérente à la nature même du travail du psychologue clinicien, auquel cas il doit porter cette croix en permanence (et la formation devrait en tenir compte parce que ce n’est pas facile de se sentir attaqué dans la légitimité de ses interventions et même de sa place).

Ou est-ce que cette non-inscription tient à autre chose : c’est un peu l’hypothèse que je formule. Il me semble que ce défaut d’inscription renvoie à deux choses :

    • à une sorte de négativité de l’identité dans l’institution.
    • A un amoindrissement des aspects performatifs de la parole des psychologues à un niveau institutionnel/administratif.

La négativité me semble à l’œuvre dans le fait qu’il semble plus facile au psychologue de dire ce qu’il ne fait pas ou n’est pas que de dire ce qu’il est ou fait. Elle est à l’œuvre également en ceci que, bien que le psychologue ait un statut de cadre, rien dans son positionnement institutionnel ne semble se référer à cela : ni la rémunération, ni l’autonomie clinique, ni la responsabilité institutionnelle. La négativité est encore à l’œuvre dans le fait que les cliniciens cultivent une sorte de position d’exception, une position non classable dans l’institution.

Cette négativité se retrouve aussi, me semble-t-il, dans la façon dont la profession essaie de défendre ses intérêts :

    • Notre profession a du mal à savoir trouver son unité quand c’est nécessaire pour défendre ses propres intérêts.
    • C’est probablement une faiblesse des sciences humaines dans leur ensemble si on les compare aux sciences de la nature : par exemple les physiciens, les biologistes savent mettre en parenthèse le narcissisme des petites différences quand des intérêts supérieurs sont en jeu.

Les aspects performatifs de la parole du psychologue au niveau institutionnel sont amoindris parce que notre profession ne parvient pas à franchir le cap de la mise en place d’une autorité de régulation de l’exercice professionnel et à se faire représenter par elle.

Les psychologues ont besoin, pour travailler dans les institutions, d’une certaine mise en sécurité psychique, et cette sécurité n’est pas toujours assurée par l’employeur. Nous devons la garantir nous-mêmes.

La vulnérabilité institutionnelle serait atténuée et l’identité professionnelle renforcée :

  • Si le code de déontologie était opposable sur le plan juridique.
  • Si la profession se dotait d’une instance (ordre ou haute autorité) qui représente la profession face aux pouvoirs publics et soit le garant du respect du code de déontologie.
  • Si on découplait les titres et diplômes du droit d’exercer : les diplômes sont attribués par l’université et de droit d’exercer serait une prérogative de cette instance (ce qui permettrait aux professionnels d’avoir un droit de regard sur les formations dispensées et d’en assurer l’homogénéité du point de vue des compétences attendues).

Est-ce que notre profession est parvenue à un degré de maturité suffisant pour se souder autour d’objectifs communs de cette sorte ? Je laisse la question ouverte.

L’identité professionnelle devrait se construire à partir de deux pôles :

  • Celui de la filiation (transmission)
  • Celui de l’affiliation (instance de référence professionnelle, haut conseil, etc.).

Comment différencier formation et transmission ? Ce n’est évidemment pas simple parce qu’il y a des zones de recouvrement entre les deux champs, mais disons que la formation est à la connaissance objectivée ce que la transmission serait au savoir subjectivable. La formation est davantage du côté de l’universitaire et la transmission davantage du côté du praticien référent de stage.

La formation, on voit assez bien ce à quoi ça renvoie : des contenus académiques, un état actualisé des connaissances nécessaires au sujet à former, des méthodes de travail, une évaluation de ce qui est supposé être compris ou maîtrisé.

La transmission, c’est plus compliqué à appréhender : la transmission est un transfert : d’ailleurs Ubertragung, en allemand c’est au sens premier : transmission. La transmission, c’est un transfert croisé, dans lequel quelque chose est mis en circulation entre le maître et l’élève. Entre le maître-formateur et l’élève transite une sorte de concentré d’expérience qui est attente de décompactage (ce serait ça le savoir subjectivable). Ce quelque chose qui se transfert, c’est à mon sens un héritage, c’est-à-dire quelque chose qui vient du passé et devient un passé commun, un passé qui fait communauté, un passé présentifié qui assure une filiation à celui qui le reçoit. Transmettre, c’est inscrire l’autre dans une filiation. La filiation c’est le versant diachronique de l’identité professionnelle.

Mais l’identité professionnelle a besoin aussi de son correspondant dans la réalité objective : c’est l’affiliation. L’affiliation c’est le versant synchronique de l’identité professionnelle. L’affiliation identitaire serait favorisée par l’existence d’une instance commune (haute autorité ou conseil de l’ordre) en ce qu’elle pourrait veiller aux intérêts et aux exigences de la profession et ainsi assurer à la génération à venir la protection nécessaire à l’exercice de la profession.

Former n’est pas transmettre

Malaise dans la construction identitaire des psychologues

Par Ludovic Gadeau

Evolution des logiques de fonctionnement à l’université et des incidences que cela a sur la formation des psychologues :

  • Depuis la loi Pécresse (Loi LRU de 2007), Le fonctionnement des universités a considérablement évolué :
    • Pour une meilleure lisibilité internationale, les établissements et les laboratoires doivent se regrouper en des ensembles de plus en plus gros. Ils sont mis en compétition pour obtenir des dotations de type Labex ou Idex qui assurent le fonctionnement des laboratoires. La principale source d’évaluation des laboratoires et des chercheurs, ce sont les publications.
    • Les enseignants-chercheurs sont évalués essentiellement à partir de leurs travaux de recherche et pas du tout à partir de leur investissement pédagogique. Et les travaux de recherches sont évalués à partir des revues dans lesquels ces travaux sont publiés. Il existe une liste référencée des revues dites à comité de lecture (il y en a 300 dont moins de 5% en langue française). Ces revues sont dans leur extrême majorité des revues anglo-saxonnes. Cela signifie que pour pouvoir publier dans ces revues, il faut accepter les standards de la recherche tels qu’ils sont prônés par ces revues. L’indice h (indice de Hirsch) est un calcul savant du nombre de citations et du nombre d’articles publiés. Plus l’indice est élevé et plus la valeur du chercheur est réputée grande. Mais cet indice ne dit pas si on est cité pour de bonnes ou de mauvaises raisons, ce qui le rend en partie absurde… Tout cela conduit à devoir développer des stratégies pour « exister » et se rendre « visible »….
  • Il n’existe aucun statut prévu pour les enseignants-chercheurs psychologues praticiens. Cela signifie que de nombreux enseignants en clinique n’ont aucune pratique ou alors ont cessé le contact avec le terrain (autrement que par la recherche) à leur entrée dans la fonction d’enseignant-chercheur.
  • Disparition progressive de la psychanalyse à l’université : aujourd’hui sur les 35 universités françaises, seulement 12 ont un laboratoire de recherche où la psychanalyse est la théorie de référence (Aix-Marseille, Lille 3, Lyon 2, Montpellier 3 Paris 5, 7, 8, 10 et 13), Rennes 2, Strasbourg, Toulouse 2).
  • En 2016-17 : délivrance au plan national de 4967 diplômes de psychologie dont 2366 en clinique (il y avait en 2000 1595 places de master 2 clinique). Au niveau local, en clinique : dépt 73 = 85 ; dépt 38 = 85 ; dépt 69 = 175+30 sans compter les masters recherche (en santé, intervention, etc = 110. Total en clinique sur la région = 400. Se pose la question de l’insertion professionnelle des étudiants en raison de la faible adéquation entre le nombre de diplômés et le nombre d’emplois existants. Il n’y a aucune instance nationale qui vienne réguler le nombre de diplômés au regard du marché de l’emploi.
  • Avec la réforme LMD, sans qu’on en parle beaucoup, la valeur symbolique de la formation des psychologues s’est artificiellement dégradée depuis la mise en place de l’harmonisation européenne des diplômes. Jusqu’en 2002, le diplôme de psychologue était de niveau 3ème cycle. Depuis, il est devenu un diplôme de 2ème cycle.
  • Il n’y a pas de définition nationale des compétences professionnelles attendues au niveau Licence, master, et doctorat. Chaque porteur de mention les définit lui-même. Cela produit non seulement une sorte d’hétérogénéité dans les formations. Cela peut conduire à une hyperspécialisation des parcours de formation et faire des psychologues spécialisés dans un domaine et partiellement ignorants des gestes professionnels de base. Il y a là le risque de rabattre la profession de psychologue du côté du psychotechnicien.

La vulnérabilité institutionnelle :

Ajouté à ce contexte général, je voudrais formuler quelques remarques qui de mon point de vue soulignent combien les psychologues sont en position de vulnérabilité institutionnelle.

Je suis frappé par le fait que, souvent, les psychologues doivent réexpliquer ce qu’est leur travail dans les institutions qui les emploient, comme si ça n’était pas compris et lorsque ça l’était (ou paraissait l’être) ça ne tenait pas dans le temps. Comme si au fond la nature du travail des cliniciens ne s’inscrivait nulle part dans l’institution.

Est-ce que cette non-inscription est inhérente à la nature même du travail du psychologue clinicien, auquel cas il doit porter cette croix en permanence (et la formation devrait en tenir compte parce que ce n’est pas facile de se sentir attaqué dans la légitimité de ses interventions et même de sa place).

Ou est-ce que cette non-inscription tient à autre chose : c’est un peu l’hypothèse que je formule. Il me semble que ce défaut d’inscription renvoie à deux choses :

    • à une sorte de négativité de l’identité dans l’institution.
    • A un amoindrissement des aspects performatifs de la parole des psychologues à un niveau institutionnel/administratif.

La négativité me semble à l’œuvre dans le fait qu’il semble plus facile au psychologue de dire ce qu’il ne fait pas ou n’est pas que de dire ce qu’il est ou fait. Elle est à l’œuvre également en ceci que, bien que le psychologue ait un statut de cadre, rien dans son positionnement institutionnel ne semble se référer à cela : ni la rémunération, ni l’autonomie clinique, ni la responsabilité institutionnelle. La négativité est encore à l’œuvre dans le fait que les cliniciens cultivent une sorte de position d’exception, une position non classable dans l’institution.

Cette négativité se retrouve aussi, me semble-t-il, dans la façon dont la profession essaie de défendre ses intérêts :

    • Notre profession a du mal à savoir trouver son unité quand c’est nécessaire pour défendre ses propres intérêts.
    • C’est probablement une faiblesse des sciences humaines dans leur ensemble si on les compare aux sciences de la nature : par exemple les physiciens, les biologistes savent mettre en parenthèse le narcissisme des petites différences quand des intérêts supérieurs sont en jeu.

Les aspects performatifs de la parole du psychologue au niveau institutionnel sont amoindris parce que notre profession ne parvient pas à franchir le cap de la mise en place d’une autorité de régulation de l’exercice professionnel et à se faire représenter par elle.

Les psychologues ont besoin, pour travailler dans les institutions, d’une certaine mise en sécurité psychique, et cette sécurité n’est pas toujours assurée par l’employeur. Nous devons la garantir nous-mêmes.

La vulnérabilité institutionnelle serait atténuée et l’identité professionnelle renforcée :

  • Si le code de déontologie était opposable sur le plan juridique.
  • Si la profession se dotait d’une instance (ordre ou haute autorité) qui représente la profession face aux pouvoirs publics et soit le garant du respect du code de déontologie.
  • Si on découplait les titres et diplômes du droit d’exercer : les diplômes sont attribués par l’université et de droit d’exercer serait une prérogative de cette instance (ce qui permettrait aux professionnels d’avoir un droit de regard sur les formations dispensées et d’en assurer l’homogénéité du point de vue des compétences attendues).

Est-ce que notre profession est parvenue à un degré de maturité suffisant pour se souder autour d’objectifs communs de cette sorte ? Je laisse la question ouverte.

L’identité professionnelle devrait se construire à partir de deux pôles :

  • Celui de la filiation (transmission)
  • Celui de l’affiliation (instance de référence professionnelle, haut conseil, etc.).

Comment différencier formation et transmission ? Ce n’est évidemment pas simple parce qu’il y a des zones de recouvrement entre les deux champs, mais disons que la formation est à la connaissance objectivée ce que la transmission serait au savoir subjectivable. La formation est davantage du côté de l’universitaire et la transmission davantage du côté du praticien référent de stage.

La formation, on voit assez bien ce à quoi ça renvoie : des contenus académiques, un état actualisé des connaissances nécessaires au sujet à former, des méthodes de travail, une évaluation de ce qui est supposé être compris ou maîtrisé.

La transmission, c’est plus compliqué à appréhender : la transmission est un transfert : d’ailleurs Ubertragung, en allemand c’est au sens premier : transmission. La transmission, c’est un transfert croisé, dans lequel quelque chose est mis en circulation entre le maître et l’élève. Entre le maître-formateur et l’élève transite une sorte de concentré d’expérience qui est attente de décompactage (ce serait ça le savoir subjectivable). Ce quelque chose qui se transfert, c’est à mon sens un héritage, c’est-à-dire quelque chose qui vient du passé et devient un passé commun, un passé qui fait communauté, un passé présentifié qui assure une filiation à celui qui le reçoit. Transmettre, c’est inscrire l’autre dans une filiation. La filiation c’est le versant diachronique de l’identité professionnelle.

Mais l’identité professionnelle a besoin aussi de son correspondant dans la réalité objective : c’est l’affiliation. L’affiliation c’est le versant synchronique de l’identité professionnelle. L’affiliation identitaire serait favorisée par l’existence d’une instance commune (haute autorité ou conseil de l’ordre) en ce qu’elle pourrait veiller aux intérêts et aux exigences de la profession et ainsi assurer à la génération à venir la protection nécessaire à l’exercice de la profession.

Former n’est pas transmettre

Malaise dans la construction identitaire des psychologues

Par Ludovic Gadeau

Evolution des logiques de fonctionnement à l’université et des incidences que cela a sur la formation des psychologues :

  • Depuis la loi Pécresse (Loi LRU de 2007), Le fonctionnement des universités a considérablement évolué :
    • Pour une meilleure lisibilité internationale, les établissements et les laboratoires doivent se regrouper en des ensembles de plus en plus gros. Ils sont mis en compétition pour obtenir des dotations de type Labex ou Idex qui assurent le fonctionnement des laboratoires. La principale source d’évaluation des laboratoires et des chercheurs, ce sont les publications.
    • Les enseignants-chercheurs sont évalués essentiellement à partir de leurs travaux de recherche et pas du tout à partir de leur investissement pédagogique. Et les travaux de recherches sont évalués à partir des revues dans lesquels ces travaux sont publiés. Il existe une liste référencée des revues dites à comité de lecture (il y en a 300 dont moins de 5% en langue française). Ces revues sont dans leur extrême majorité des revues anglo-saxonnes. Cela signifie que pour pouvoir publier dans ces revues, il faut accepter les standards de la recherche tels qu’ils sont prônés par ces revues. L’indice h (indice de Hirsch) est un calcul savant du nombre de citations et du nombre d’articles publiés. Plus l’indice est élevé et plus la valeur du chercheur est réputée grande. Mais cet indice ne dit pas si on est cité pour de bonnes ou de mauvaises raisons, ce qui le rend en partie absurde… Tout cela conduit à devoir développer des stratégies pour « exister » et se rendre « visible »….
  • Il n’existe aucun statut prévu pour les enseignants-chercheurs psychologues praticiens. Cela signifie que de nombreux enseignants en clinique n’ont aucune pratique ou alors ont cessé le contact avec le terrain (autrement que par la recherche) à leur entrée dans la fonction d’enseignant-chercheur.
  • Disparition progressive de la psychanalyse à l’université : aujourd’hui sur les 35 universités françaises, seulement 12 ont un laboratoire de recherche où la psychanalyse est la théorie de référence (Aix-Marseille, Lille 3, Lyon 2, Montpellier 3 Paris 5, 7, 8, 10 et 13), Rennes 2, Strasbourg, Toulouse 2).
  • En 2016-17 : délivrance au plan national de 4967 diplômes de psychologie dont 2366 en clinique (il y avait en 2000 1595 places de master 2 clinique). Au niveau local, en clinique : dépt 73 = 85 ; dépt 38 = 85 ; dépt 69 = 175+30 sans compter les masters recherche (en santé, intervention, etc = 110. Total en clinique sur la région = 400. Se pose la question de l’insertion professionnelle des étudiants en raison de la faible adéquation entre le nombre de diplômés et le nombre d’emplois existants. Il n’y a aucune instance nationale qui vienne réguler le nombre de diplômés au regard du marché de l’emploi.
  • Avec la réforme LMD, sans qu’on en parle beaucoup, la valeur symbolique de la formation des psychologues s’est artificiellement dégradée depuis la mise en place de l’harmonisation européenne des diplômes. Jusqu’en 2002, le diplôme de psychologue était de niveau 3ème cycle. Depuis, il est devenu un diplôme de 2ème cycle.
  • Il n’y a pas de définition nationale des compétences professionnelles attendues au niveau Licence, master, et doctorat. Chaque porteur de mention les définit lui-même. Cela produit non seulement une sorte d’hétérogénéité dans les formations. Cela peut conduire à une hyperspécialisation des parcours de formation et faire des psychologues spécialisés dans un domaine et partiellement ignorants des gestes professionnels de base. Il y a là le risque de rabattre la profession de psychologue du côté du psychotechnicien.

La vulnérabilité institutionnelle :

Ajouté à ce contexte général, je voudrais formuler quelques remarques qui de mon point de vue soulignent combien les psychologues sont en position de vulnérabilité institutionnelle.

Je suis frappé par le fait que, souvent, les psychologues doivent réexpliquer ce qu’est leur travail dans les institutions qui les emploient, comme si ça n’était pas compris et lorsque ça l’était (ou paraissait l’être) ça ne tenait pas dans le temps. Comme si au fond la nature du travail des cliniciens ne s’inscrivait nulle part dans l’institution.

Est-ce que cette non-inscription est inhérente à la nature même du travail du psychologue clinicien, auquel cas il doit porter cette croix en permanence (et la formation devrait en tenir compte parce que ce n’est pas facile de se sentir attaqué dans la légitimité de ses interventions et même de sa place).

Ou est-ce que cette non-inscription tient à autre chose : c’est un peu l’hypothèse que je formule. Il me semble que ce défaut d’inscription renvoie à deux choses :

    • à une sorte de négativité de l’identité dans l’institution.
    • A un amoindrissement des aspects performatifs de la parole des psychologues à un niveau institutionnel/administratif.

La négativité me semble à l’œuvre dans le fait qu’il semble plus facile au psychologue de dire ce qu’il ne fait pas ou n’est pas que de dire ce qu’il est ou fait. Elle est à l’œuvre également en ceci que, bien que le psychologue ait un statut de cadre, rien dans son positionnement institutionnel ne semble se référer à cela : ni la rémunération, ni l’autonomie clinique, ni la responsabilité institutionnelle. La négativité est encore à l’œuvre dans le fait que les cliniciens cultivent une sorte de position d’exception, une position non classable dans l’institution.

Cette négativité se retrouve aussi, me semble-t-il, dans la façon dont la profession essaie de défendre ses intérêts :

    • Notre profession a du mal à savoir trouver son unité quand c’est nécessaire pour défendre ses propres intérêts.
    • C’est probablement une faiblesse des sciences humaines dans leur ensemble si on les compare aux sciences de la nature : par exemple les physiciens, les biologistes savent mettre en parenthèse le narcissisme des petites différences quand des intérêts supérieurs sont en jeu.

Les aspects performatifs de la parole du psychologue au niveau institutionnel sont amoindris parce que notre profession ne parvient pas à franchir le cap de la mise en place d’une autorité de régulation de l’exercice professionnel et à se faire représenter par elle.

Les psychologues ont besoin, pour travailler dans les institutions, d’une certaine mise en sécurité psychique, et cette sécurité n’est pas toujours assurée par l’employeur. Nous devons la garantir nous-mêmes.

La vulnérabilité institutionnelle serait atténuée et l’identité professionnelle renforcée :

  • Si le code de déontologie était opposable sur le plan juridique.
  • Si la profession se dotait d’une instance (ordre ou haute autorité) qui représente la profession face aux pouvoirs publics et soit le garant du respect du code de déontologie.
  • Si on découplait les titres et diplômes du droit d’exercer : les diplômes sont attribués par l’université et de droit d’exercer serait une prérogative de cette instance (ce qui permettrait aux professionnels d’avoir un droit de regard sur les formations dispensées et d’en assurer l’homogénéité du point de vue des compétences attendues).

Est-ce que notre profession est parvenue à un degré de maturité suffisant pour se souder autour d’objectifs communs de cette sorte ? Je laisse la question ouverte.

L’identité professionnelle devrait se construire à partir de deux pôles :

  • Celui de la filiation (transmission)
  • Celui de l’affiliation (instance de référence professionnelle, haut conseil, etc.).

Comment différencier formation et transmission ? Ce n’est évidemment pas simple parce qu’il y a des zones de recouvrement entre les deux champs, mais disons que la formation est à la connaissance objectivée ce que la transmission serait au savoir subjectivable. La formation est davantage du côté de l’universitaire et la transmission davantage du côté du praticien référent de stage.

La formation, on voit assez bien ce à quoi ça renvoie : des contenus académiques, un état actualisé des connaissances nécessaires au sujet à former, des méthodes de travail, une évaluation de ce qui est supposé être compris ou maîtrisé.

La transmission, c’est plus compliqué à appréhender : la transmission est un transfert : d’ailleurs Ubertragung, en allemand c’est au sens premier : transmission. La transmission, c’est un transfert croisé, dans lequel quelque chose est mis en circulation entre le maître et l’élève. Entre le maître-formateur et l’élève transite une sorte de concentré d’expérience qui est attente de décompactage (ce serait ça le savoir subjectivable). Ce quelque chose qui se transfert, c’est à mon sens un héritage, c’est-à-dire quelque chose qui vient du passé et devient un passé commun, un passé qui fait communauté, un passé présentifié qui assure une filiation à celui qui le reçoit. Transmettre, c’est inscrire l’autre dans une filiation. La filiation c’est le versant diachronique de l’identité professionnelle.

Mais l’identité professionnelle a besoin aussi de son correspondant dans la réalité objective : c’est l’affiliation. L’affiliation c’est le versant synchronique de l’identité professionnelle. L’affiliation identitaire serait favorisée par l’existence d’une instance commune (haute autorité ou conseil de l’ordre) en ce qu’elle pourrait veiller aux intérêts et aux exigences de la profession et ainsi assurer à la génération à venir la protection nécessaire à l’exercice de la profession.

Grenoble, novembre 2016

Ludovic Gadeau

Conférence de 2015 : Pourquoi tant de haine aujourd’hui ? avec Albert Ciccone

conférence organisée le 5 mai 2015 par le CPCI :

 

Pourquoi tant de haine aujourd’hui ?

avec Albert Ciccone

Psychologue, Psychanalyste, Professeur de Psychopathologie et Psychologie Clinique à l’Université Lyon II.

La société d’aujourd’hui semble avoir de plus en plus de mal à contenir les mouvements de haine. Cette conférence interrogera les sources, enjeux et effets de la haine du point de vue de la psychologie, qu’ils se manifestent dans le lien familial, social ou aussi de soin. Nous ne pouvons nier la haine dans les relations ordinaires mais quel type de lien participe-t-elle à nouer et quel rapport entretient-elle avec l’agressivité, la destructivité ou l’amour ?

Les Journées Annuelles des Psychologues, de 2007 à 2015

     Depuis 2007, le Collège des Psychologues Cliniciens de l’Isère, en association avec le Collège des Psychologues du Centre Hospitalier Alpes Isère, organisent la journée annuelle des psychologues, chaque 3ème vendredi de novembre.

Cette journée, s’organisant autour d’interventions en salle plénière, puis d’échanges en groupes restreints, permet d’aborder des thèmes transversaux dans un cadre de réflexion, de partage d’expériences.

2015 – Démarche de soin, demande d’expertise : quelles possibles complémentarités ? (argument ci-dessous)

2014 – La crise, une désorganisation féconde ?

2013 – Quelle place pour le travail psychique dans les équipes et les institutions ?

2012 – La polyphonie des approches cliniques peut-elle avoir un sens ?

2011 – Incidences des mutations sociétales sur les pratiques des psychologues

2010 – Les soins sous contraintes

2009 – Neurosciences et vie psychique

2008 – Quelles conceptions cliniques ?

2007 – Évolution de la place des psychologues au sein des institutions

C’était en 2015 :

Démarche de soin, demande d’expertise : Quelles possibles complémentarités ?

     Évaluations systématiques, bilans standardisés, expertises spécialisées centrées sur une pathologie, s’inscrivent de plus en plus dans nos pratiques. Des terminologies nouvelles : troubles bipolaires, troubles envahissants du développement ou troubles du spectre autistique s’imposent : sont-elles un éclairage novateur ? De quelles significations sont-elles porteuses ? Ces classifications issues du DSM peuvent entraîner une conception réductionniste des pathologies dont souffrent les patients que l’on rencontre. Que disent-elles alors de la signification du symptôme, de la singularité de l’individu ?

     Si le diagnostic rassemble, identifie un ensemble de ressentis, de troubles et donne un contour aux difficultés rencontrées, il convient néanmoins d’en interroger l’usage. Ce diagnostic est aujourd’hui plus fréquemment demandé par les patients et leur entourage. Peut-il être quelquefois vécu comme une sanction ? Vient-il clore un questionnement ou confronter à l’angoisse ? Pourrait-il aussi constituer le vecteur d’une réflexion, d’une nouvelle compréhension ? Le temps de la clinique est-il préservé de cette logique évaluative ?

     Dans cette démarche d’expertise, dans ce processus d’évaluation, il nous revient peut-être à nous psychologues de faire du(des) diagnostic(s) un support pour le soin et non une fin en soi. Nous interrogerons donc lors de cette journée, les conditions d’une mise en cohérence de l’expertise et de la dynamique de soins psychiques. Et plus encore, plutôt qu’y répondre du côté de normes pré-établies, l’évaluation peut conduire à des questions qui servent une pratique clinique mouvante et dynamique.

Le CPCI en 2015, par Thibaud Courvoisier

L’assemblée générale de janvier 2016 a permis de faire le bilan de l’année 2015 en rendant compte de son activité, mais aussi en retraçant les personnes ayant fait vivre le collège.

 

ATELIER

Nous proposons donc des ateliers. Il s’agit d’un temps de témoignage, de réflexions, d’échanges sur nos pratiques et non pas d’échanges de savoirs théoriques : l’idée n’est pas tant d’offrir des réponses, et de dire ce qu’il faut faire, que de réfléchir ensemble sur ce que l’on fait, et partager nos interrogations, nos impasses ou nos difficultés, mais aussi nos réjouissances et nos plaisirs ; finalement créer des espaces d’échange clinique et de réflexions partagées.

Ceci est particulièrement important car il nous semble que les psychologues de la région ont suffisamment de lieux dans lesquels poursuivre leur formation continue (soirée de travail, conférence, etc) quand  ils manquent d’avantage de lieux pour se rencontrer, et pour se rencontrer dans un cadre chaleureux.

  • 18 mars 2015 : « la réhabilitation psycho-sociale : la place du sujet et la place du psychologue »
  • 20 mai 2015 : « coaching, interventions à domicile : air du temps – outil novateurs ? »
  • 4 novembre 2015 : les dispositifs de soins auprès des sportifs, de la relation du sportif à son corps, … avec deux de nos collègues sur leurs pratiques auprès de sportifs et de patients douloureux chroniques. 

 

CONFERENCE

Autre activité, une conférence annuelle, à destination du grand public : nos conférences  visent à donner une meilleure visibilité de notre profession et de ses principes éthiques au public et aux partenaires du champ médico social.

5 mai 2015 : « Pourquoi tant de haine aujourd’hui ? » avec Albert Ciccone

 

COLLABORATION AVEC L’UNIVERSITE

Le CPCI n’a pas été représenté cette année dans le groupe  « praticiens- enseignants », mais l’engagement est pris pour cette nouvelle année, et le CPCI participe de loin en relayant par exemple les appels à candidature pour le forum des métiers : notre association s’est donnée les outils nécessaires  (liste de contacts, site) pour tenir au courant et mobiliser des collègues parfois éloignés de l’information.

 

HAPPY HOURS

 

JOURNEE DES PSYCHOLOGUES

En 2015, la thématique a été

« Démarche de soin, demande d’expertise, quelles complémentarités »

 

 

Je vais parler de la manière dont j’ai ressenti les quelques mutations qui se jouèrent au sein du CPCI durant les 3 années de mon exercice.

Sans doute le terme de mutation est-il un peu fort, peut-être d’ailleurs changeons nous seulement alors qu’il nous faudrait muter. Une mutation est selon le Larousse, dans son acception générale : un changement radical, une conversion, une évolution profonde.

Dans le registre plus spécifique de la génétique, la mutation désigne une apparition brusque, dans tout ou partie des cellules d’un être vivant, d’un changement dans la structure de certains gènes, transmis aux générations suivantes si les gamètes sont affectées.

Je partirai de cette définition qui met davantage l’accent sur ce qui constitue la radicalité du changement, quelque chose qui touche à la structure même de l’objet qui mute, et quelque chose qui à voir avec la question de la transmission.

Cette question de la transmission sans doute est-elle fondamentale, parce qu’elle l’est toujours dès qu’on parle de psychisme et finalement une association c’est bien une association de psychisme, mais aussi, et surtout parce que toute institution est portée par l’esprit de ceux qui la portèrent avant.

Sans aller jusqu’à l’essai d’excavation des mythes fondateur du CPCI, je nous invite tous à faire le constat d’un certain changement dans le mode de gouvernance du CPCI durant ces trois dernières années

En effet, Michèle Mauris, représentait une figure importante du CPCI, par ses idées, par son énergie et sa capacité à donner beaucoup quand ça lui semblait nécessaire. Elle réalisait beaucoup des tâches qui incombaient à chacun, et j’ai pu souvent par une boutade qui l’agaçait fortement, interroger son dévouement… Aussi peut catho qu’elle était (et qu’elle doit toujours être je doute de la convention récente) l’idée qu’elle se sacrifiait ne lui plaisait guère. Pour lui faire justice je dirais simplement qu’elle avait une grande énergie, et que celle-ci partie, il a bien fallu la remplacer.

J’ai en effet annoncé en prenant la présidence que je ne pourrais m’inscrire dans la même lignée, parce que ça n’est pas mon caractère, parce que je n’ai sans doute pas la même énergie…

Alors le changement a commencé, et on a pu observer au sein de notre association une nouvelle répartition des tâches. Mon premier rapport d’activité contenait un terme qui a pu faire rire, celui de « forces vives ».  Une fois Michèle partie, est apparu ce que son investissement nous masquait : une notoire charge de travail qu’il fallait bien se répartir, se répartir pour partager l’effort et continuer, mais se repartir pour re-partir vers de nouveaux horizons. On ne peut penser la motivation et la capacité à se contraindre sans un certain désir qui le porterait…

Sans doute sommes-nous tous un peu fatigués, mais j’y vois plus une marque d’acuité qu’une dépressivité larvée. Je crois que chacun prend la mesure des investissements et que chacun se positionne sincèrement dans sa capacité à les tenir. Les quelques démissions du jour en sont la preuve.

Et le changement s’est poursuivi, Anne a été l’artisan de notre nouvelle communication, car oui on s’est donné aussi le droit de « marketer » le CPCI, ou à tout le moins, de réfléchir à nos outils de communication, et de faire le constat que l’on renvoyait peut être une image qui n’était plus celle que nous souhaitions. Alors le changement s’est poursuivi, est nous sommes devenu un peu moins austères (quoi qu’on ne l’était pas non plus excessivement), et on a pris l’apéro ! De nouvelles personnes nous ont rejoints, Noëlle, qui prend maintenant la succession de Jean-Luc, un poste de trésorerie, qu’on ne peut, je doute, prendre par plaisir, mais par souci de maintenir l’existant. Car si chacun prend un bout d’une tache pas très enviable, la tâche en devient finalement moins dur. Question de répartition d’effort…. de solidarité peut être ?

Changement également dans le souci de s’ouvrir à d’autres approches, de ne pas rester dans un unique référentiel psycho-dynamique, mais rencontrer d’autres formes de pensée, qui, si elles déroutent, et nous bousculent parfois, ont le mérite de nous éviter de rentrer dans un ronflant même et identique.

Si j’avais un désir pour le CPCI, ça serait celui-là : qu’il continue d’être cet espace ou des professionnelles peuvent se rencontrer, quand bien même ils ne partagent pas toujours les mêmes vues, pour échanger, et mieux se comprendre, et d’arrêter de faire à l’autre une gueule que l’on n’aimerait pas que l’on nous fasse !

Je ne sais plus qui a dit un jour que la réputation est la somme des malentendus cumulés sur une personne, mais je crois que c’est éminemment juste, et pas que pour les personnes, mais aussi pour les associations, les approches thérapeutiques, etc…

En ces temps qu’on peut trouver troubles, ou sans doute la figure de l’autre étranger et pourvoyeuses de multiples fantasmes, ou est fort présente la tentation de nous replier plus encore sur nous-même, s’assurant du même coup de ne rien rencontrer qui puisse nous bousculer, en ces temps donc, peut être est-il fondamental de marcher en crabe et de faire des pas de coté !

Il me semble que le CPCI a tout à fait sa place et figure minimalement cet espace d’échange ! Et que cette belle association manquerait très largement au paysage psychologique Grenoblois !

Seulement, et à l’image de bien des états de faits actuels, on ne survivra qu’à muter ! C’est à dire a changer radicalement dans notre structure, et dans quelque chose quoi soit transmit !

Et si beaucoup de gens se sentent mal dans leur peau, parce que ce n’est pas la leur, c’est que la encore il faut muter, pour que le CPCI trouve sa forme, celle dans laquelle un grand nombre pourra se sentir bien.

Thibaud Courvoisier, Président,

le 27 janvier 2016