Synthèse de la JAP 2017

Synthèse de la Journée Annuelle des Psychologues

le 24 novembre 2017

Malaise dans la transmission :

Qu’est-ce que je fou(s) là

 

Nous étions presque 80 psychologues pour cette journée, des psychologues venant essentiellement de l’Isère, mais aussi de la Savoie, de l’Ain et du Rhône.

Discours d’ouverture par Anne Jambrésic et Axelle Mars : cliquez ici

Jacques Borgy  a ouvert son propos en soulignant que « notre profession a un vrai problème avec l’unité et la diversité ». Selon lui, la profession aurait tout à gagner de mettre en avant ses spécialités, sans pour autant que cela nuise à son unité, car unité ne veut pas dire une seule pensée, une seule approche… mais être unis !

Le SNP s’est appuyé sur la Fédération belges des psychologues, pour que la profession soit reconnue comme une profession indépendante et autonome, au travers notamment d’un code de déontologie à refonder, un code de déontologie qui serait inscrit dans le code de la santé publique et ainsi légalisé. La proposition ainsi faite par le Syndicat National des psychologues est de réunir les psychologues sous l’égide de « profession de santé autonome » : Il existe une santé psychique qui nécessite des professionnels pour s’en occuper, et il n’y a aucune raison d’être assujetti à des médecins.

Ainsi, cela éviterait peut être, que le « qu’est-ce que je fous » devienne que foutez vous là…

Mathilde Deschamps nous a invités à penser « la place d’un psychologue clinicien en institution médico-sociale au gré des mutations sociales, entre histoire et transmission ».

S’appuyant sur les travaux notamment de JP Pinel sur la clinique institutionnelle, Mathilde Deschamps nous a amenés à réfléchir sur les organisateurs et désorganisateurs de l’institution : le tout contrôlable (idéologie que l’on retrouve dans beaucoup d’institutions : une idéologie du quantifiable et de rentabilité du travail psychique auprès des patients), l’attaque de la créativité, l’apologie de la transparence illustrée par exemple par la mise en place de logiciels performants qui casent (cassent ?) les sujets. Elle a souhaité souligner l’importance du travail des psychologues en institution médico-sociale, autour de la préservation des dispositifs de pensée.

Elle a également souligné que le patient exporte ses conflits dans les équipes et que celles-ci ont à le prendre en compte dans leur travail quotidien.

Sarah Gomez, en titrant son intervention « Aimer son prochain comme soi-même » a introduit son propos en posant ainsi la question du statut de l’objet de la transmission : est-ce, à l’image de l’objet du mélancolique, un objet perdu ? Il s’agirait d’un défaut d’inscription de l’objet perdu et de trace générative à l’intérieur de soi, ce qui évoque la mesinscription évoquée par Alain Noel Henri dans les institutions, au travers notamment de l’éradication des dossiers et ainsi, de l’histoire écrite des jeunes vivants dans des établissements medico sociaux.

Ce délitement de la transmission s’inscrit dans un contexte où s’affrontent, au seuil du narcissisme, des langues opposées. Sarah Gomez propose de faire preuve de malice pour apprendre la langue de l’autre néolibérale et de jouer avec la haine.

Elle invite à penser le sacrifice qui accompagne et garantit tous les actes humains, un sacrifice pour expulser la violence, auquel aujourd’hui plus personne ne veut se prêter.

Au fond, sommes-nous prêts à user de malice pour jouer, à la manière d’un psychodrame, au jeu de la langue (managériale) de l’autre, dans une position de « subversion éclairée » ?

La table ronde l’après-midi :

A partir des questions tirées au hasard, des collègues de différents collèges et associations ont ouvert le débat de façon associative.

Le psychologue fait peur, peur qui renvoie à cette monstruosité interne et celle dont sont porteurs nos patients, et il a peur. Pour dédramatiser et se rendre plus aimable, il est invité à proposer des espaces intermédiaires, inventer des formations de compromis, approcher la langue de l’autre.

S’autoriser, supporter de prendre ces places dans des collectifs suppose une prise de pouvoir qui fait peur également aux psychologues.

Comment conserver nos capacités de penser, amène la question des collectifs. Celle des collèges, de leur reconnaissance, de leur dynamique. Cela suppose un engagement, d’opposer des arguments pour se défendre, de passer au-dessus du narcissisme des petites différences entre psychologues.

Nous sommes à un tournant dans notre profession, face à des risques à assumer si nous ne voulons pas qu’on nous tombe dessus.

par Axelle MARS