Synthèse de la JAP 2016

« Travailler ensemble nous tue,

nous séparer est mortel »

Ouverture de la Journée Annuelle des Psychologues

par Anne Jambrésic, présidente du CPCI

Bienvenue à la 11ème journée annuelle des psychologues de l’Isère. La première journée avait donc eu lieu en 2005. Au fil des années, nous avons développé nos échanges sur la place des psychologues dans les institutions et dans la société en lien avec les mutations qui leur sont inhérentes. Nous avions abordé l’année dernière la question de la complémentarité de nos pratiques. Nous continuons aujourd’hui notre travail de réflexion sur l’identité des psychologues et nous nous intéresserons plus particulièrement au « travailler ensemble ».

L’identité et le travail sont deux notions inséparables et c’est par là que je vais attraper les ficelles qui nous permettront de faire défiler notre journée.

Pour lire la suite : texte d’ouverture

Former n’est pas transmettre

Malaise dans la construction identitaire des psychologues

Par Ludovic Gadeau

  • Evolution des logiques de fonctionnement à l’université et des incidences que cela a sur la formation des psychologues
  • La vulnérabilité institutionnelle
  • L’identité professionnelle à partir de deux pôles :
    • Celui de la filiation (transmission)
    • Celui de l’affiliation (instance de référence professionnelle, haut conseil, etc.).

Pour découvrir l’intégralité du texte de Ludovic Gadeau, cliquez ICI

Travailler ensemble : qu’est-ce que ça fait ?

A la découverte de l’intertransfert dans une équipe de psychodramatistes

par Fanny Cornut

Au cours de sa pratique en tant que co-thérapeute, auprès d’adolescents auteur de violences sexuelles, Fanny Cornut a été amenée à questionner le « comment faire ensemble ».

Il s’agit de jouer au côté du patient, dans une mise en acte des corps, ce qui n’est pas sans crainte de glisser du côté du passage à l’acte. Assurer à chacun une sécurité interne, pour contrer ces problématiques de l’agir, mais aussi permettre une sécurité réelle des uns et des autres, dans ce cadre de groupe thérapeutique, voilà tout l’enjeu.

Plusieurs questions sont alors soulevées : quel est le moteur de ce désir ? Pourquoi ? Qu’est-ce que ça fait ?

C’est alors ici le travail d’un intertransfert (Kaës). Une part est dans un premier temps refoulée, déniée ; alliance inconsciente pour cacher ce qui ne doit pas se révéler. Puis il y a l’expérience du retour du refoulé, de l’effroi contre lequel chacun se prémunie. Ce cadre de travail permet de se sentir moins seul pour affronter les révélations. Nous le restons cependant avec notre problématique interne. Le rêve vient alors révéler ce que ça fait chez le co-thérapeute, une mise en représentation de la violence sexuelle.

Est de plus évoqué cette peur de voir des choses mauvaises chez l’autre, mais en nous aussi, d’être perçu comme pervers polymorphe par son collègue. Travailler ensemble, c’est avoir peur d’être pénétré par le regard de l’autre.

Ainsi, il y a tout ce travail de transcription, de secondarisation des vécus, de sublimation, quelque chose qui se dépasse petit à petit. Trouver autre chose que son inconscient, est un travail qui ne se fait pas du jour au lendemain.Il s’agit là de cette clinique de l’extrême (Roussillon).

(Marie Fleurier)

Réflexions sur le travail à plusieurs en institution

d’un point de vue clinique

par Alain Marin

La clinique de l’institution, c’est cette capacité à faire fonctionner le travail à plusieurs. En effet, nous n’avons pas tous les mêmes objectifs.

Les différentes recommandations actuelles viennent mettre à mal cette notion de travail à plusieurs, de clinique, de réflexion. C’est une attaque de la subjectivité, de la singularité de chaque sujet, de la différence, qui sont au cœur du lien social. Ce lien social constitue ce qui nous réunit à partir de nos différences. Il s’agit ainsi de faire lien plus que faire groupe. C’est l’idéal d’uniformité qui fait violence.

Mais alors, comment penser le travail à plusieurs ?

Le rapport au savoir et au pouvoir peut être différent. Il s’agit là de repérer ce qui dans le pouvoir et le savoir fait défaut.

Pour Lacan, le lien social est structuré autour de quatre discours. Il y a la question de la vérité, de l’agent du discours, de la jouissance. Selon l’endroit du discours, la vérité n’est pas à la même place. Faire circuler les différents discours, permet au sujet d’en repérer quelque chose. Chaque discours a sa logique.

Alain Marin évoquera alors son travail à l’Interfas, constituée d’une équipe mobile et d’une équipe d’accueil de jour. Ce travail se fait toujours au moins en binôme. Le transfert peut être réparti sur plusieurs personnes. Il y a cependant quelque chose qui ne peut se transmettre au moment du relai. La parole n’en est pas perdue pour autant, elle est inscrite dans le temps.

Historiquement, c’est à partir de la psychose que la psychothérapie institutionnelle émerge. Il n’y a alors pas de modèle. Reconnaissance de la fonction soignante de tous les personnels, d’un opérateur collectif. Il s’agit d’un transfert transversal dont chacun est acteur y compris les malades.

A l’encontre de ce mouvement, il semble aujourd’hui y avoir une tendance à remettre de la verticalité partout.

Il est ainsi question de faire corps avec l’équipe mais pouvoir aussi nommer les différences. Être différent sans être détruit, c’est l’enjeu de la construction identitaire.

(Marie Fleurier)

Questionnement autour de la transmission

aux générations futures sur le lieu de stage

par Peggy Emeriault-Roussillat

L’accueil des stagiaires est à la fois un devoir et une responsabilité pour les psychologues sur le terrain. Cet accompagnement vers la construction d’une identité professionnelle implique des processus de transmission en partie inconscients. Aussi, nous ne sommes pas à l’abri de transmettre au stagiaire quelque chose de notre propre singularité. Psychologue et stagiaire se retrouvent dans une certaine réciprocité où chacun apprend de l’autre. En effet, le stagiaire vient pour apprendre le métier de psychologue, ce qui permet au praticien de bénéficier d’un regard neuf afin d’interroger sa pratique.

La place du stagiaire est entre deux, entre université et vie professionnelle. Le stage s’avère complémentaire avec l’apprentissage universitaire, car il confronte le stagiaire aux particularités de la pratique clinique. Ainsi, il permet la mise au travail psychique, le questionnement à partir de la clinique et l’ouverture à un autre différent. Le stagiaire peut découvrir le soin psychique au travers de différents dispositifs et de temps d’échange entre professionnels. En outre, le stage sur une année scolaire s’avère particulièrement pertinent car il permettrait l’inscription du soin dans une temporalité.

(Ana Nyagulova)

Les Noodles

Un intermède humoristique proposé pour la première année, a trouvé toute sa place au cœur de cette journée, afin de commencer l’après-midi avec légèreté. Leurs propos ont pu permettre une prise de recul face aux interventions de la matinée, et favoriser la reprise d’un cheminement sur la journée.

Pour en savoir davantage sur ces clowns tout terrain : Les Noodles

Échanges en groupes restreints

Trois groupes d’une vingtaine de personnes ont été animés chacun par deux psychologues. Ces groupes ont permis la rencontre et l’échange entre professionnels et stagiaires autour des questions soulevées lors de cette journée des psychologues. Il s’agit d’un dispositif proposé pour la 3ème année.

« La richesse des interventions et la pertinence des échanges ont ponctué cette journée qui m’a beaucoup donné à penser sur ma position d’« entre-deux » en tant que stagiaire et de future clinicienne.

Entre identifications et écart à trouver avec le tuteur de stage, je pense qu’au-delà des savoirs transmis en stage, les journées comme celle-ci permettent de se réunir afin de défendre les différences et les outils et référentiels théoriques.

Cette journée m’a permise de mesurer encore un peu plus l’écart entre les enseignements de l’université et la réalité du terrain relaté lors des interventions.

Le stage permet d’affirmer une position vis-à-vis de la déontologie et donc l’éthique, c’est de cela dont il a été question durant cette journée.

Je suis très reconnaissante que votre association ait accepté la présence de stagiaires et je suis ravie d’avoir pu participer à ce temps d’échanges entre psychologues et stagiaires.

Travailler ensemble est un engagement à tenir ; cette journée a contribué à rassembler des professionnels qui ont tous exprimé ce désir de réitérer ce moment de partage. « 

(Témoignage de Morgane Caillat, stagiaire en Master 2)