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17ème Journée Annuelle des Psychologues
Expérience de l’incertitude
vendredi 27 novembre 2020
Pour cette année 2020, profondément bouleversée par la crise sanitaire que nous avons traversée au printemps, qui fut aussi une crise du sens, nous voici à l’automne avec l’envie de tirer le fil de l’incertitude.
C. Castoriadis* écrivait : « Penser n’est pas sortir de la caverne, ni remplacer l’incertitude des ombres par les contours tranchés des choses mêmes, la lueur vacillante d’une flamme par la lumière du vrai soleil. C’est entrer dans le labyrinthe, plus exactement, faire être et apparaître un labyrinthe, alors que l’on aurait pu rester « étendu parmi les fleurs faisant face au ciel ». C’est se perdre dans des galeries qui n’existent que parce que nous les creusons inlassablement, tourner en rond dans un cul-de-sac dont l’accès s’est refermé derrière nos pas- jusqu’à ce que cette rotation ouvre inexplicablement des fissures praticables dans la paroi. »
Cet extrait a fortement résonné lorsqu’il s’est agi de (re)penser, dans l’après-coup, ce à quoi nous avait confrontés cette expérience de l’incertitude.
Une crise mondiale, séisme public, s’est faite entendre par des résonances ou répliques sismiques privées, dans l’intimité de nos vies et de nos liens personnels, autant que dans l’intimité de nos cabinets, institutions. Confinés dans nos cavernes, nos chez-soi, il a parfois fallu y creuser des labyrinthes pour rester en lien avec nos patients, des labyrinthes pour rester en lien avec nos collègues, nos groupalités-ressources, étayages à nos cadres internes bien malmenés. Des labyrinthes … pour continuer à penser, à être aux prises avec une vitalité, une créativité qui participerait de border cet inconnu, nos peurs, nos angoisses, celles de nos patients … pour ne pas se perdre, paradoxes ?!
Quelles « fissures praticables dans la paroi » et autres trouvailles-créées dans nos pratiques avons-nous pu déployer et partager pour traverser cette période qui a réactualisé dans le réel, les menaces de déliaison et angoisses de mort, avec force et proximité ?
Pourtant, l’incertitude se loge au creux de nos pratiques, dans l’imprévu des rencontres, face à l’inconnue du temps nécessaire à la guérison psychique.
Incertitude encore, liée à la complexité de la psyché humaine, quelle place occupe-t-elle dans notre société avide de certitudes ?
Si notre métier nous a appris que c’était bien la certitude plus que le doute qui rendait fou (Nietzsche), que la faillibilité, la vulnérabilité, sœurs de cœur de l’incertitude, participent à la subjectivation du sujet, comment lui rendre ses titres de noblesse ?
* CASTORIADIS Cornelius (1978), Les carrefours du labyrinthe.
Journée organisée par le Collège des Psychologues Cliniciens de l’Isère (C.P.C.I.)